Stella Roga : une pérégrination
Mer, cette souplesse, tout coule, tout fuit, tout s’épanche et glisse. Se dissout, se recompose ( le magma originel ).
La mer : l'élément primordial, l’événement fondateur.
À peine elle se retire qu'elle revient,
obésité sereine, se nourrit d'une étreinte
sans enfant ; vers le profond
l'immuable sable
son abîme s'élance dans la perpétuité
un cheval débridé retenu aux sabots.
{....} C'est beau la voir jouer,
inconnue roulant au-dessus des ténèbres
un firmament liquide, mouvant
son toujours jeune azur.
Pluies et larmes solaires : serait plutôt de l’ordre du Désir, du mouvement vertical. Il y a déjà une description plus précise des objets.
La mer se décompose, l'eau se recentre pour désaltérer la matière.
Vocabulaire choisi pour figurer éclat, l’âpreté, la liquidité encore. Violence des ruptures. Est-ce déjà l’embrasement ?
Rose des vents, rose des murs, notre planète est là qui repose à ton flanc, Soleil ! Tes rayons sur la place, universel du vide, universel du plein, pétrissent des couleurs, quelqu'un qui chantait dans la piazzetta empoigne soudain la chose qui mourait, et maintenant, renaît.
Nous approchons de l’humain,
roulent alors avec ton passé, et d’autres moments d’être ton visage, ton corps et l’existence,
voici le mot lâché, l’existant !
Flux et reflux des rivières et des océans. L’humain articule des grognements, des sons, des phonèmes, le frisson de l'être se précise, humblement,
la résine odorante ne peut sceller mes lèvres
mais rien de plus qu’un souffle ne s’en échappe,
laissant aller son bruit tel un baiser de verre
L’arbre s’écoule en sève, la nature est mutique, produit ses bruits sans en connaître la signification.
Puis voici les bouquets du rêve et le mythe formé d'images qui creusent abîmes et crêtes,
surgissement d’une distanciation... naissance de l’Autre, et sexuation.
Écorces et fruits, paroles de la Terre, l’humain est sur TERRE, est l’existant avec ses composants physiques, psychiques.... vision objective. Le vécu se répète, sol immuable, prédation.
Je marche mais soudain, je tombe ! Qui m'emporte et vers où ?
Ce corps inerte. l’humain, soudain a peur, l’humain devient mortel.
Cherche à saisir le ciel, voûte dont le renversement serait un nouveau sol.
Éternité ? Pas sûr !
Une oblique paupière vient m’étirer les yeux non pas les dessiller, ne me donne à voir qu’un clone de Paradis.... où les noces....
Capture de figure céleste. Tout d’un coup, ce n'est plus pour une description des choses, pour une géographie du corps que l'humain parle, c'est pour capturer l'étoile et voler sa lumière.
Toi qui chaque soir retrouve ici le réel
lève la tête et lit sur l'écriteau
...placé à l’infini sur l’infini du vide
Etoile à vendre !
Seuil franchi ici-bas, là-haut et puis en face, l'Autre,
Ton amour a sur moi appuyé sa grande aile...
Elégie. Oui, d'abord un chant funèbre et la douleur en paroles pour les aimé(e)s enfui(e)s mais aussi de tout ce qui aurait pu être. Presqu'été, la saison éternelle.
Deuil de l'Amour, deuil de l'espoir quand la guerre dégueule sa tripaille de Mort.
Transhumance de l'humain façonné au rythme de sa Terre ?
Terminus, plutôt !
Alors vient ce rêve d'univers d'avant moi
une Terre qui n'a pu
s'incarner... n'a pu briller !